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  • Masiosarey

Plus de 100 mille tonnes d'ordures ramassées chaque jour au Mexique


Un des camions les plus modernes! Bi-compartiment et compacteur ©Masiosarey, 2018

Poubelle, vous avez dit poubelle?

En 2016, ce sont 104.735 tonnes de déchets solides urbains qui ont été collectés quotidiennement dans 2.212 municipalités mexicaines (179 municipalités manquent encore d'un système de ramassage des ordures, dont 155 dans l'Etat de Oaxaca), soit plus de trente-huit millions de tonnes par an! Vertige des chiffres...

Depuis 2012, le Mexique a dépassé le kilo de déchets ménagers produit par jour et par tête (SEMARNAT). C'est beaucoup et en même temps –faible consolation– c'est moins qu'en Europe ! Les Wallons, par exemple, jettent chaque jour 1,5 kg de déchets ménagers. Si l'Allemagne et la France produisent la plus grande quantité de déchets ménagers en Europe (respectivement 51 et 34 millions de tonnes par an... le français moyen aurait jeté quotidiennement 1,4 kg d'ordures en 2014), ce sont les danois qui battent le record de déchets produits par personne chaque jour avec plus de 2 kg en 2014 (ils dépassent même les Etats-Unis et la Norvège) suivis de très près par les Suisses! Le Canada, pour sa part, produit trois fois moins de déchets ménagers que le Mexique (chiffre de 2016). 1 kg donc au Mexique? C'est beaucoup, mais c'est encore en dessous de la moyenne des pays de l'OCDE qui s'établit en 2016 autour de 1,4 kg par habitant.

Même si la comparaison est toujours fascinante et permet bien souvent de situer un pays dans le concert des nations, l'exercice reste néanmoins périlleux. En effet, les différentes méthodes de collecte... d'informations (!) sont parfois difficilement comparables. Et ce, principalement en raison de la définition même de ce qu'est un déchet.

Reprenons donc depuis le début. Comment nomme-t-on la poubelle au Mexique? Depuis 2003, celle produite dans les villes est appelée "déchets solides urbains" (residuos solidos urbanos), pour la différencier des déchets dangereux ou des déchets qui requièrent un traitement spécial. Vous l'aurez compris, toutes les poubelles ne sont pas logées a la même enseigne. Il est possible de classer les déchets en fonction du producteur (déchets urbains, agricoles ou industriels), en fonction de la valeur qui peut lui être attribuée (déchets recyclables, déchets ultimes) ou encore en fonction de leur dangerosité (déchets banals, de traitement spécial ou déchets dangereux). De cette classification des déchets dépendra la manière de faire face au problème et, en particulier, de déterminer qui sera chargé de cette tâche. Ainsi, l'histoire de la gestion des déchets au Mexique est-elle, aussi, l'histoire d'une typification laborieuse des différents déchets produits (voir Ugalde, 2008).

Les "déchets solides urbains" au Mexique sont comptabilisés par l'INEGI (l'institut mexicain de statistiques) à partir de la quantité d'ordures (tous déchets solides non dangereux confondus) ramassées par les services municipaux*. Pour mieux comprendre l'enjeu de la nomenclature, sachez que l'INSEE en France comptabilise les déchets urbains à partir des producteurs (commerces, industries, services...) et du type de déchets (carton, papier, verre, plastiques...). Les déchets ménagers en France incluent aussi les boues résiduelles aux déchets solides. Au Canada, les déchets urbains (résidentiels) sont, eux, classifiés et mesurés en fonction de leur destin final (élimination ou recyclage) et non à partir du ramassage comme au Mexique. Bref, les autorités seraient bien en mal de dire combien de kilogrammes d'ordures et quel type de déchet, une famille mexicaine jette par an!

©Masiosarey, 2018

Toutefois, une petite batterie de données sur les ordures mexicaines est régulièrement publiée par l'INEGI (2016). Sans surprise, la Ville de Mexico est la principale productrice de déchets urbains, avec 14.000 tonnes de déchets quotidiennement ramassés. Pourtant, ce sont tout juste deux tonnes de plus que l'Etat de Mexico, qui compte pourtant la population la plus importante du pays. Suivent assez logiquement les états de Jalisco, Veracruz, Nuevo León et Puebla; les états où se trouvent justement les plus grandes métropoles (Masiosarey). Les trois états où le moins de déchets urbains sont ramassés sont Campeche (792 tonnes), Colima (782 tonnes) et Aguascalientes (942 tonnes). Malgré le fait que 155 municipalités de Oaxaca ne rapportent pas de services de ramassage d'ordure, l'état "récolte" quand même plus de 1.900 tonnes journalières.

Enfin, vous l'aurez compris, au Mexique ce sont les municipalités qui ont la charge du ramassage des ordures urbaines et de leur traitement. Pour collecter ces ordures, ces municipalités mobilisent une flotte totale de 16.615 camions (2.479 pour la seule Ville de Mexico, Iztapalapa étant la Délégation la mieux dotées en benne à ordures ménagères). Une flotte assez vieillissante, car la plupart de ces véhicules datent du siècle passé et seuls 58% d'entre eux sont équipés d'un système de compactage !

Et voilà peut-être le chiffre le plus préoccupant du lot : seules 61 municipalités (des 2.458 que compte le pays) envoient leurs déchets dans un centre de traitement!

Les habitants des pays d'Europe du nord produiraient plus de poubelle, certes. Mais ils s'en débarrassent peut-être mieux!


©Masiosarey, 2018

 

*Depuis 2009 et tous les deux ans, l'INEGI réalise une enquête pour suivre le fonctionnement et l'activité des gouvernements municipaux. Le module 6 de cette enquête se concentre précisément sur la gestion des résidus solides urbains. 60 questions permettent de réaliser une radiographie des services municipaux responsables des ordures. INEGI, Censo Nacional de Gobiernos Municipales y Delegacionales, Memoria de actividades, 2017

Ugalde V., Los residuos peligrosos en México. El estudio de la política pública a través del derecho, El Colegio de México, 2008.

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