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Le Mexique, deuxième producteur de pétards et de feux d’artifices d’Amérique latine


© wix photo

Sans doute l’aurez-vous noté : depuis ce lundi 11 décembre au soir, le ciel mexicain est traversé de salves sporadiques et bruyantes de... pétards. "Silbido y trueno", "Risotada", “vampiros”, “patatas de mula”... “bombas” ! Depuis près de deux siècles, les fêtes de la Guadalupe, tout comme celles du 15 septembre, Noël ou de Pâques, sont l’occasion de jouer avec le bruit, la lumière et le feu...

Malheureusement, les pétards –mélange de souffre, de chlorate de potassium et de poudre d’aluminium– sont dangereux. Et la période de Noël s’avère particulièrement risquée : les cas de brûlures, principalement aux mains et aux yeux, augmentent alors de 300%, et surviennent surtout dans le cadre de jeux enfantins.

Avant et après les festivités, les accidents, plus ou moins mortels, se produisent, année après année. Tout le monde se souviendra de l’explosion du marché de Tultepec, le 20 décembre 2016, dont il n’est resté que cendres et désolation, et qui avait laissé à la veille de Noël un bilan amer de 42 morts et 70 blessés graves. Mais cet accident s’inscrit dans une longue liste d’explosions meurtrières : 72 morts et près de 350 blessés en 1999 à Celaya, Guanajuato ; 57 blessés à Tultepec en 2005 ; 23 morts et 154 blessés en 2013 à Tlaxcala ; trois morts dont deux enfants, et 7 blessés cette année encore à Tultepec ; 14 morts, dont 11 enfants, et plus de 30 blessés en mai dans l’Etat de Puebla....

Face à de tels chiffres, les autorités mexicaines tentent, depuis près de vingt ans, de réguler spécifiquement ce secteur, à travers notamment la promulgation d'une loi fédérale sur la pyrotechnie. Toutefois, l’initiative de loi, déposée en 2001, reste aujourd'hui encore bloquée à l’Assemblée. Faute de loi fédérale, les choses bougent malgré tout. Les efforts de sensibilisation du public aux dangers de la poudre se multiplient. Et, en octobre de cette année, le Ministère de l’intérieur mexicain (SEGOB) a annoncé la préparation, en collaboration avec la SEDENA et les diverses autorites fédérales et locales impliquées dans cette problématique, d’une Norme officielle. Cette norme, nous dit-on, régulera la manipulation, le transport et la stockage des produits pyrotechniques, en établissant des règles claires et contraignantes pour chacun des acteurs du secteur.

Pour le moment, le secteur reste donc régulé par le Ministère de la Défense (SEDENA) qui, dans le cadre de la Loi générale des armes à feu et des explosifs et en accord avec les autorités locales, octroie les permis et contrôle les installations de production, de stockage et de vente. Mais le protocole a montré ses limites. Pour preuve, les stands du marché de pétards de Tultepec avaient reçus l’homologation de la SEDENA quelques semaines avant l’explosion de décembre dernier.

Une des clefs pour comprendre cette situation d’apparent blocage se trouve sans aucun doute dans l’importance économique et sociale de la pyrotechnie au Mexique, deuxième producteur de pétards en Amérique latine, après le Brésil (et très sérieux concurrent de la Chine dans le domaine spécifique des feux d’artifices).

Car l’industrie du pétard pèse lourd. Générant près de 50 millions de dollars par an, elle emploierait environ 50.000 familles. Un secteur important de l’économie locale donc. Mais aussi fortement concentré territorialement (l’Etat de México, qui s'est d'ailleurs doté en 2003 d'un Instituto mexiquense de la pirotecnia, produit 50% des pétards et feux d'artifices mexicains*) et extrêmement dispersé et informel. En effet, la grande majorité de cette production est le fait de petits producteurs, qui perpétuent des traditions familiales, souvent en dehors de la légalité et en dépit des normes de sécurité**. Dans des ateliers improvisés, les ingrédients dangereux sont mélangés à la main, la poudre est conditionnée dans des papiers de récupération, la fabrication implique les enfants... En bref, un vrai casse-tête pour les autorités en charge de la régulation qui, trop souvent, finissent par fermer les yeux.

©Masiosarey, 2017

 

Si vous aimez le risque, la Feria Nacional de la Pirotecnia, a lieu tous les ans au mois de mars à Tultepec.

* Les principaux centres de production et de vente sont Tultepec, évidemment, mais aussi Chimalhuacán et Zumpango, ainsi que Almoloya de Juárez, Tenancingo, Otumba, Tecámac ou Texcoco...

** Au Mexique, seules treize entreprises de production de pétards et de feux d’artifices répondraient aux critères internationaux en la matière.

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