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Auteurs mexicains contemporains. Des idées de romans pour l'été...


La 13e édition du Marathon des Mots, qui s’est tenue fin juin à Toulouse, était consacrée à l’Amérique latine, aux Caraïbes (et à la boxe... dans la littérature). Parmi les très nombreux auteurs réunis, lus et célébrés pendant ces journées, neuf étaient... mexicains! L’occasion de faire un point sur la jeune littérature mexicaine aujourd’hui traduite au français, et de lister quelques romans à chercher cet été sur les rayons de vos librairies, à México comme à Paris, Bruxelles ou Genève.

Point commun. A part Octavio Paz (pour d’évidentes raisons), les auteurs mexicains célébrés cette année à Toulouse ont tous une actualité récente et, dans leurs besaces, un (ou plusieurs) roman(s) publié(s) par une maison d’éditon française.

Petit tour d'horizon...

Les chefs de file

La doble vida de Jesús, Ed. Alfaguara, 2014, México La double vie de Jesús, Ed. Métailié, Bibliothèque hispano-américaine, 2016. Traduit de lʼespagnol par François Gaudry

La double vie de Jesús est une comédie noire et cruelle, et mexicaine. Jesús Pastrana, fonctionnaire modèle à la mairie de Cuernavaca, va –quasi simultanément– trouver l’amour (un amour impossible) et se retrouver dos au mur, coincé entre le crime organisé et les autorités, toutes aussi corrompues. Beaucoup d'humour (noir), un tableau effarant de la situation politique mexicaine et un magnifique portrait d'homme déchiré entre passion et raison.

Enrique Serna. Romancier, essayiste, chroniqueur, Enrique Serna (Ciudad de México, 1959) est une figure majeure de la littérature mexicaine contemporaine. Saluée ni plus ni moins que par Gabriel García Márquez, son œuvre est aujourd’hui traduite en plusieurs langues et quatre de ses romans ont été publiés en France : La Peur des bêtes (Phébus, 2006) et, aux Editions Métailié, Quand je serai roi (2009), Coup de sang (2014) et La Double Vie de Jesús (2015). Coup de sang a recu le prix franco-mexicain Antonin Artaud 2010.

David Toscana

El ejército iluminado, Ed. Alfaguara, 2013

Lʼarmée illuminée, Ed. Zulma, 2012. Traduit de l’espagnol par François-Michel Durazzo

Lʼarmée illuminée, publié au Mexique en 2013, est une fable totalement loufoque et étonnament actuelle. En 1968, un groupe d’adolescents mexicains (effectivement illuminés) se prépare à une opération militaire de grande envergure : récupérer le Texas. A la tête de cet escadron, Ignacio Matus, un professeur de mathématiques, ancien coureur de marathon... Comme le souligne son éditeur, Toscana ne propose pas au lecteur un roman fantastique, mais distorsionne le réel, et ce avec une maîtrise époustouflante. Le résultat : une œuvre légère, pleine de poésie, qui sonne remarquablement juste.

Ingénieur industriel de formation, David Toscana (Monterrey, 1961) a –fort heureusement pour nous– assez vite bifurqué vers les lettres pour devenir un des romanciers contemporains les plus inventifs de sa génération. Largement influencé par les classiques espagnols, tels que Cervantes et Calderón de la Barca, il a été lauréat de plusieurs prix littéraires et est publié dans une quinzaine de langues. Trois de ses cinq romans ont été très vite traduits au français, grâce aux éditions Zulma. Rançon du succès, depuis quelques années, David Toscana écrit également une chronique (Toscanadas) dans le supplément culturel du quotidien Milenio.

Et si vous avez aimé, sachez que le dernier roman de David Toscana, Evangelia (Alfaguara, 2016), est également en librairie (au Mexique). Non encore traduit au français, Evangelia joue avec une question ô combien polémique : que se serait-il passé si Marie avait donné naissance à une fille ?...

La relève : la « Génération inexistante »*...

Guadalupe Nettel

Après lʼhiver, Ed. Buchet Chastel, 2016, traduit par Traduit par François Martin

Después del invierno, Ed. Anagrama, 2014

Le Mexique à Paris (mais aussi à New York, Boston ou Oaxaca). Les histoires croisées et la rencontre à Paris de deux déracinés : Claudio, exilé cubain de New York et Cécilia, jeune mexicaine installée dans la capitale francaise. Pourront-ils sʼaimer malgré leurs histoires respectives, leurs doutes et leurs contradictions ? Un style très personnel, percutant et direct (utilisant avec brio la première personne du singulier), qui fait de Guadalupe Nettel une voix particulière et attachante de la littérature mexicaine.

Guadalupe Nettel (Ciudad de Mexico, 1973) est l’auteur de plusieurs livres de contes, de deux recueils de nouvelles et de trois romans, tous les trois traduits au français : L’Hôte (Actes Sud, 2006), Le corps où je suis née (Actes Sud, 2011) et Après l’hiver (Buchet-Castel, 2016). Ce dernier ouvrage a reçu le prestigieux prix Herralde en Espagne et a été publié dans une dizaine de pays. Guadalupe Nettel a vécu à Paris plusieurs années, alors qu’elle faisait ses études. Une ville, aimée et détestée, superbement décrite et qui habite Après lʼhiver.

Antonio Ortuño

La file indienne, Ed. Christian Bourgois, 2016, Traduit par Marta Martinez Valls.

La fila india, Ed. Oceano, 2013

Roman noir. L’histoire d’Irma, une assistante sociale du Service dʼimmigration qui est envoyée à Santa Rita, petit village perdu au sud du Mexique. En charge dʼun groupe de migrants dont le refuge a été attaqué, Irma va tenter de savoir ce qui sʼest véritablement passé... Quelles sont les intentions réelles de ses collègues ? L’ambitieux journaliste qui couvre l’affaire est-il vraiment fiable ? Qu’a à voir son ex-mari avec toute cette histoire ?... Un polar très bien construit, servi par un style précis et une bonne dose d’humour noir, qui joue avec les contradictions humaines et les multiples zones grises de nos sociétés.

Antonio Ortuño (Guadalajara, 1976) est un jeune auteur mexicain pour le moins prolifique. Classé parmi les meilleurs auteurs en langue espagnol par la revue britannique Granta en 2010, il a à son actif plusieurs recueils de contes et de nouvelles, ainsi que six romans : El buscador de cabezas (Joaquín Mortiz, 2006), élu "Meilleur début littéraire 2006" par le quotidien Reforma, Recursos humanos (Anagrama, 2007), Ánima (2011), La fila india (2013), Méjico (2015) et El rastro (2016). La file indienne est son deuxième roman traduit au français. En 2008, les Éditions du Rocher avaient publié son tout premier opus, El buscador de cabezas : Le Chasseur de têtes, Éditions du Rocher, coll. « Grands romans », 2008.

Martín Solares

Nʼenvoyez pas de fleurs, Ed. Christian Bourgois, 2017. Traduit par Christilla Vasserot

No manden flores, Literatura Random House, 2015

Dans le golfe du Mexique, non loin de la frontière avec les États-Unis, une jeune fille de dix-sept ans est enlevée. Ses parents font appel à Carlos Trevio, un ancien policier, pour la retrouver. Et, un à un, les témoins sont interrogés... pour mieux mentir ? Meurtres, enlèvements, complicités et corruptions en tous genres : Martín Solares réunit avec efficacité et humour (noir, évidemment), toutes les pièces du puzzle infernal qu’est devenue cette région du pays. « Dans le style des meilleurs romans de Cormac McCarthy » selon la revue Gatopardo.

Martin Solares (Tampico, 1970) est éditeur, critique littéraire et professeur, lauréat de plusieurs prix littéraires nationaux, dont le Prix Bellas Artes de Ensayo Literario José Revueltas 2016. Enthousiaste animateur dʼateliers littéraires, il a notamment été a l’initiative de celui lancé au début des années 2000 à lʼInstitut culturel du Mexique de Paris, ville où il a vécu plusieurs années. Martin Solares est l’auteur dʼune anthologie de nouvelles et de chroniques sur lʼimpunité des crimes politiques au Mexique, Nuevas líneas de investigación : 21 relatos contra la impunidad (Era, 2003), de plusieurs nouvelles, dont Planeta Cloralex (1998), ainsi que dʼun premier roman Les minutes noires, également publié en France en 2009 aux Editions Christian Bourgois.

Les jeunes (et les très jeunes) promesses

Laïa Jufresa

Umami, Ed. Buchet Chastel, 2016. Traduit par Margot Nguyen Béraud

Unami, Literatura Random House-Alfaguara, 2015

Umami donne voix aux habitants dʼun petit quartier en plein coeur de la Ville de Mexico. La disparition dʼune fillette ouvre des âbimes intimes et renvoie chacun à ses blessures mais aussi à ses aspirations, en commençant par Ana, sa grande sœur, et Alfonso, le voisin anthropologue, spécialiste de l’alimentation préhispanique. Les questions, les souvenirs et les émotions se bousculent. Et les goûts aussi : sucré, salé, amer, acide et... Umami. Loin des clichés et avec un style étonnant et poétique.

Laïa Jufresa (Ciudad de México, 1983) a passé son adolescence en France, puis en Argentine et aux Etats-Unis. Diplômée de la Sorbonne, elle se consacre aujourd’hui à lʼécriture. Auteure de plusieurs nouvelles et d’un recueil de contes El esquinista (Fondo Editorial Tierra Adentro, 2014), son premier roman, Umami (2015) été primé et soutenu au Mexique par le Ministere de la culture. Il a également été sélectionné “Meilleur roman en langue espagnol” au Festival des premiers romans de Chambéry, a reçu le Prix PEN Translates Award et a été finaliste de The Best Translated Book Award 2017. Umami a depuis été traduit en plusieurs langues.

Eduardo Rabasa

Un jeu à somme nulle, Ed. Piranha, 2016 Traduit par Chloé Samaniego

La suma de los ceros, Ed. Sur+, 2014 (réedité par Pepitas de Calabazas, 2015)

Farce politique sur les mensonges et les errements de nos démocraties modernes, ce premier roman raconte l’histoire de Max Michels, candidat à la présidence de la Villa Miserias, une « unité habitationnelle » qui s’est dotée d’un système d’autogestion apparemment démocratique. Cet anti-héros, encombré par les traumatismes de son enfance, est –semble-t-il– le dernier homme à vouloir « jouer le jeu »... ce, simplement pour vérifier qu’il est impossible de gagner? Eduardo Rabasa (qui revendique 1984 comme source d’inspiration) dépeint avec justesse le cynisme du néolibéralisme, tout en proposant un récit à plusieurs voix, dynamique, subtil et attachant.

Eduardo Rabasa (Ciudad de México, 1978) a étudié les sciences politiques à la UNAM (sa thèse portait sur le concept de pouvoir dans lʼœuvre de George Orwell). Responsable dʼune chronique culturelle hebdomadaire pour le quotidien Milenio, il est également traducteur de nombreux auteurs comme George Orwell ou Somerset Maugham. En 2002, il a participé, aux côtés de l’écrivain mexicain Luis Alberto Ayala Blanco, à la création des éditions Sexto Piso, dont il est actuellement le directeur éditorial.

Son second roman, Cinta negra (Pepitas de calabazas, 2017), vient de sortir au printemps. Eduardo Rabasa s'attaque cette fois-ci au monde de l'entreprise... à quand sa traduction au français?

Aura Xilonen

Gabacho, Ed. Liana Levi, 2017. Traduit par Julia Chardavoine

Campeón gabacho, Literatura Random House, 2015

Gabacho raconte lʼhistoire de Liborio, un jeune mexicain émigré clandestin dans une ville du Sud des Etats-Unis qui survit et qui résiste à coups de poings et de mots. Liborio fuit sa ville natale, trouve un emploi dans une librairie de l’autre côté de la frontière, rencontre lʼamour, se bat, est battu, devient champion de boxe... le tout avec l’énergie du désespoir et une verve décapante (la version française doit énormément au travail de traduction de Julia Chardavoine). Un récit étonnant, émouvant et plein d’humour.

Aura Xilonen (Ciudad de México, 1996) est la petite benjamine des lettres mexicaines, louée par la critique (lauréate du récent et convoité Prix Mauricio Achar 2015*) et largement suivie par les lecteurs. Ce premier roman, paru en 2015, a très vite été traduit et publié dans plusieurs pays européens. Fille d’une universitaire mexicaine, professeur de latin et de grec, Aura Xilonen vit avec sa mère et sa grand-mère à Puebla, où elle étudie le cinéma. Elle travaille également à un second tome de son Gabacho... A suivre assurément.

Le neuvième auteur mexicain convoqué à Toulouse...

Octavio Paz (évidemment!)

Liberté sur parole (préface de Claude Roy), Collection Poésie/Gallimard (n° 75), 1971. Traduit par Jean-Clarence Lambert et Benjamin Péret

Libertad bajo palabra, Fondo de Cultura económica, 1ère édition : 1949

Là où cessent les frontières, les chemins sʼeffacent. Là commence le silence. Jʼavance lentement et je peuple la nuit dʼétoiles, de paroles, de la respiration dʼune eau lointaine qui mʼattend où paraît lʼaube. (...)

En hommage au grand écrivain mexicain (1914-1998), prix Nobel de littérature en 1990, le poète et auteur-compositeur-interprète Bruno Ruiz a en effet lu plusieurs poèmes de ce magnifique recueil. Plusieurs fois modifié par l’auteur, Liberté sur parole réuni une grande partie des poèmes écris par Octavio Paz entre 1935 et 1957. Il explore les principaux thèmes qui ont habités l’oeuvre de Paz : la solitude, l’amour, la mort, le métissage, la tradition, la solidarité ou encore les contradictons sociales... à lire absolument.

Pour en savoir un peu plus sur la genèse de Liberté sur parole : Libertad bajo palabra cincuenta años después, de José Emilio Pacheco, Letras libres, 30 avril 1999.

Et pour (re)découvrir l’ensemble de l’œuvre d’Octavio Paz, qui a très exhaustivement été publiée en français par les éditons Gallimard...

Et maintenant, la balle est dans votre camp. A vos librairies et bibliothèques, et bonne lecture!

 

Lancé en 2005, Le Marathon des mots est un festival international de littérature organisé chaque année au mois de juin à Toulouse. Dédiée aux lettres, à la lecture (à haute voix) et à la scène, cette manifestation mobilise des auteurs et artistes reconnus, et parie sur un programme court mais dense : cette année, pas moins de 176 rendez-vous (lectures, débats, spectacles...) étaient simultanément organisés pendant 3 jours dans plusieurs espaces du centre-ville. Au fil des années, Le Marathon des mots est ainsi devenue un rendez-vous prisé par de très nombreux lecteurs (qui se comptent en dizaine de milliers. Si, si) et a fait des petits : la sixième édition du Marathon d’automne, qui met pour sa part à l’honneur la litterature européenne, se tiendra du 22 au 26 novembre prochain, à Toulouse toujours...

* La "Génération inexistante", une tentative pour regrouper sous un qualificatif commun (à l'image de la "génération du boom" -mouvement littéraire latino-américain des années 1960-70- ou celle "du crack" -mouvement littéraire mexicain des années 1990-2000) les auteurs mexicains publiés aujourd'hui et nés dans les années 1960-1970. Eparpillés géographiquement, ces auteurs seraient toutefois hyperconnectés. Orphelins de "pères littéraires" (mais pas de grands-pères), ils se revendiqueraient plus directement de la "génération du boom"...

** Le Prix Mauricio Achar est un prix conjointement lancé en 2015 par la librairie Gandhi et la maison d'édition Literatura Random House. Il vise à promouvoir et soutenir les nouvelles voix de la littérature mexicaine,

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