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Livres: Le "narcowestern", un genre nouveau?


Photo du livre

Hilario Peña, Chinola Kid, Mandatori, 2012

Après les “narcocorridos”, ces chansons aux accents du nord du Mexique qui racontent forcément des histoires qui finissent mal, voici venir un genre littéraire nouveau, le « narcowestern ».

Résolument norteño (du nord), né à Mazatlan, Sinaloa, et installé à Tijuana, Hilario Peña nous propose une plongée décapante dans le monde de tous les trafics, dans la grande tradition des romans noirs. Mais Chinola Kid, utilise aussi toutes les ficelles des bons vieux westerns : les flashbacks autour du couple à la Bonnie and Clyde (Tamara Garcia et Rodrigo Barajas, le héros) qui nous propulsent par intermittences dans le Mexique des années quatre-vingt ; la figure du justicier (Rodrigo Barajas) qui arrive dans un village oublié, presque fantôme et terre de non-droit; la rivalité entre deux clans du village, opposés par d’anciennes disputes liées au commerce de la drogue et au racket.

Sans se perdre dans de longues descriptions, Hilario Peña nous transporte dans un univers complexe et obscur, dont la cartographie s’étend de la ville de Tijuana aux villages abandonnés que l’on ne conseillerait pas à son pire ennemi (El Tecolote, Los Pinitos, El Guajolote, El Naranjo).

L’utilisation des modismes et de l’argot norteño est particulièrement réussie et savoureuse. Presque tous les personnages ont un surnom (qui connaît le nord du Mexique ne s’en étonnera guère). Cohabitent ainsi au fil des pages la Rotoplast (référence à la corpulence d’une jeune femme), le Chuck Norris, le Cerrillo (serveur longiligne), le Michelín (videur à l’entrée d’un bar), le Químico (celui qui fait les mélanges de drogue) ou le Vaqueroporque le gustan las vacas »)… Sans oublier les jeux de mots dans la grande tradition du double sens mexicain. Eduardo Cota est surnommé La Locota (La grande folle), parce que les Eduardo au Mexique sont tendrement appelés Lalo: Lalo Cota devient alors La Locota. Les enfants, eux, s’appellent Kevin ou Brian, alors que leurs parents ont des noms d’un autre temps : Ruperto, Reynaldo, Adalberto, Filiberto, Eusebio, Gilberto, Criseída, Ramona....

L’humour est tout aussi décapant lorsque l’auteur se penche sur l’éthique, tout à fait personnelle, des personnages ; à l’image de Barajas, aspirant à rejoindre les forces de l’ordre et persuadé que dévaliser les magasins lui permettra de financer son inscription à l’école de police. Le monde politique n’est pas épargné et le candidat corrompu aura-t-il ainsi pour slogan -pour le moins sibyllin- « El futuro es hoy ».

Les chapeaux, les bottes, les colts des habitants du nord du Mexique, qui sont aussi les attributs du cow-boy, inscrivent ce roman dans l'imaginaire global occidental. L’écriture incisive de Peña, ses phrases courtes insufflent une énergie formidable au roman. La lecture en est d’autant plus aisée et divertissante malgré le recours au vocabulaire argotique de la région.

Chinola Kid est une entrée réussie dans un genre littéraire en gestation, et une promesse pour les lecteurs de polars et de romans noirs mexicains, encore trop rares. Ce mélange entre culture narco et « livre de cowboy » (« el libro vaquero » mexicain) ne vous décevra pas.

©Masiosarey 2016

 

Titre: Chinola Kid

Auteur: Hilario PeñaTraductor:

Edition: MONDADORI

Prix avec IVA: $ 69.00

Date de publication: 11/2012

Langue: Español

ISBN: 9786073112963

EAN: 9786073112963 Hilario, Chinola Kid,

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