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Un moral d'acier. Semaine du 13 au 19 mai 2019


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Depuis que cette revue de presse existe, l'intérêt des médias mexicains pour les relations commerciales entre les trois pays d'Amérique du nord, Le Mexique, les Etats-Unis et le Canada, est indéniable. Et, depuis deux ans, les négociations autour du nouveau T-MEC (ancien ALENA) ont bien souvent fait la Une des médias. Cette semaine ne fait pas exception à la règle!

L'aluminium et l'acier de la discorde

A l'honneur cette semaine, les négociations sur l'aluminium et l'acier. Pour mémoire, il y a environ un an, les Etats-Unis décrétaient de nouveaux tarifs douaniers sur les importations d'aluminium et d'acier mexicains et canadiens. Le président Trump invoquait alors des raisons de sécurité nationale. De concert, le Mexique et le Canada avaient à leur tour, et en représailles, taxé l'acier et certains produits agroalimentaires étatsuniens, tels que les pommes, les cuisses de porc, le fromage, les pommes-de-terre ou encore le whisky... à hauteur du préjudice causé par les nouveaux tarifs douaniers sur l'aluminium (24 Horas). Le ministre de l'économie de l'époque, Ildefonso Guajardo, précisait alors que le choix de´ces produits agroalimentaires n'était pas un hasard. Il s'agissait de minimiser les risques de pénalisation des producteurs et des consommateurs mexicains, mais aussi d'envoyer un message politique fort au secteur agroalimentaire étasunien, qui soutient largement D. Trump tout en étant favorable au T-MEC (ForoTV du 5 juin 2018, minute 17). Dans le même entretien, Guajardo exposait avec clarté le manque de logique commerciale de la décision unilatérale d'augmenter les tarifs douaniers, alors que le Mexique était le premier importateur d'aluminium américain et le second importateur d'acier américain.

Un an plus tard, la levée des sanctions douanières sur l'aluminium et l'acier, effective à partir de ce lundi 20 mai, entraîne donc la fin des sanctions "de représailles" contre ces différents produits exportés au Mexique et au Canada. Milenio explique également que, dans le cadre de ce rapprochement, le Mexique s'est engagé à lutter plus efficacement contre l'entrée d'acier illégal chinois aux Etats-Unis. Des mécanismes de suivi et de contrôle des flux commerciaux au Mexique existent bel et bien explique le Coordinateur du Conseil consultatif stratégique de négociations internationales, Moisés Kalach, au quotidien mexicain, cependant ils ont été corrompus. Il y a donc du pain sur planche.

Selon El Financiero, cette levée réciproque de tarifs douaniers devrait faciliter et accélérer la signature du futur accord trilatéral, le T-MEC. Une opinion partagée par El Economista à la faveur d'un entretien avec l'actuelle ministre de l'économie, Graciela Marquez, qui était d'ailleurs en visite officielle au Canada la semaine dernière. Les médias mexicains, reprenant une note AFP, insistent également sur le coup d'accélérateur que veut mettre le Canada dans le processus d'approbation de l'accord trilatérale. Alors, un TLC révisé pour la fin de l'année?

AMLO se félicite!

Le président Andrés Manuel López Obrador se joint à l'optimisme de son équipe économique. Selon lui, il s'agit d'une victoire mexicaine. Et, ajoute-t-il, son gouvernement aurait même fourni une "petite aide" (ayudita) aux négociateurs canadiens. Proceso et El Siglo de Torreón reviennent sur cette déclaration pour le moins énigmatique du président en déplacement dans le sud du pays : "... Plus encore, nous avons même apporté une petite aide au gouvernement du Canada, ce n'est pas pour se vanter. Mais nous nous en sortons bien. Cela va aider beaucoup l'industrialisation du Mexique et surtout le commerce" ("Es más, hasta le dimos una ayudadita al gobierno de Canadá, no es para presumir. Pero nos fue muy bien, esto va a ayudar mucho en la industrialización de México, sobre todo en el comercio") (Video Lapoliticaonline).

A la question de savoir si le président López s'était entretenu avec son homologue étasunien, la réponse est donc négative. Le scoop (ou fake new?) revient à un média vénézuélien, qui explique qu'un appel entre les deux mandataires a bien eu lieu, mais que la communication n'était pas satisfaisante (source : Jesús Seade dans des médias locaux). Et, comme le relaie toujours El Siglo de Torreón, le président mexicain ne juge pas utile de retenter sa chance au téléphone : "ce n'est plus la peine, puisque les taxes douanières sur l'acier mexicain ont été levées" ("Ya no hace falta (hablar con Donald Trump) porque ya se logró afortunadamente que quiten los aranceles al acero mexicano"). Austérité (téléphonique), quand tu nous tiens...

Lâcher du "lousse"

Celui qui, en revanche, s'est entretenu vendredi dernier avec Donald Trump est bel et bien Justin Trudeau (Le journal de Montréal). N'en déplaise à l'orgueil national mexicain, la "petite aide" mexicaine est pratiquement inexistante dans l'article québécois. Seule Nadine Girault, Ministre des relations internationales et de la Francophonie, félicite les représentations québécoises aux Etats-Unis et au Mexique pour "le travail de diplomatie d'influence". Ici Radio Canada insiste sur le changement favorable du côté étasunien pour surmonter cette impasse des négociations trilatérales, mais aussi sur la visite de la ministre canadienne Chrystia Freeland à Washington la semaine dernière. Justin Trudeau reconnaît qu'au delà du travail des négociateurs, les américains ont reconnu (finalement!) que les tarifs douaniers ne nuisaient pas seulement aux travailleurs canadiens (TVA). Guajardo l'avait bien dit... il y a un an!

Le Point souligne pour sa part que la levée des tarifs douaniers devrait effectivement accélérer la signature du nouvel accord commercial entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, mais que la mesure est surtout un nouveau coup bas pour la relation commerciale entre la Chine et les Etats-Unis. L'hebdomadaire français cite Jesús Seade, présenté comme le négociateur en chef du Mexique.

En guise de conclusion, la réflexion de Jean Simard, président et chef de la direction de l’Association de l’aluminium du Canada, pour Radio Canada : « On pense que l’administration américaine veut lâcher du lousse* dans un autre dossier de libre-échange pour pouvoir refaire ses forces et recentrer ses énergies sur le défi chinois ». De quoi relativiser franchement l'influence des négociateurs mexicains et canadiens dans un conflit qui dépasse les frontières d'Amérique du nord...


©Masiosarey, 2019

 

*Lâcher prise, lâcher du lest.

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