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Les plumes saignent au Mexique (Le Courrier). Semaine du 1er au 6 mai 2018


http://www.un.org/fr/events/pressfreedomday/

Pour la journée mondiale de la liberté de la presse, ce jeudi 3 mai, c’est le quotidien suisse Le Courrier (03/05/2018) qui remporte la palme du titre le plus éloquent, pour un long entretien avec la journaliste de La Jornada, Eirinet Gomez. De leur côté, et en échos, Le Point, L’Express (03/05/2018), Epoch Times et Masiosarey (04/05/2018) reviennent sur la première édition du Prix Breach/Valdez de journalisme et des droits de l'homme, décerné jeudi à la journaliste mexicaine Daniela Rea. Ce prix, rappellent les médias francophones, a été créé par l'ONU, l'Unesco, l'université Ibéroaméricaine, l'Agence France-Presse et l'ambassade de France au Mexique en mémoire de Miroslava Breach, Javier Valdez et des 113 autres journalistes assassinés depuis 2000 au Mexique.

Mais les journalistes ne sont pas les seuls à tomber au Mexique. BFMTV (07/05/2018) annonce un autre triste record : celui des assassinats de responsables politiques, qui se multiplient depuis le début de la campagne électorale. Et BFMTV de rapporter 5 nouveaux meurtres pour ce qui va de la semaine, après que le dirigeant local du parti Encuentro Social et une candidate du Parti de la Révolution Démocratique aient été tués ce week-end dans l’état du Chihuahua. Comme le précise Global media (7/05/2018), citant le troisième rapport de violence politique publié par l’agence Etellekt, le bilan des sept premiers mois de campagne (du 8 septembre 2017 au 8 avril 2018) est lourd et préoccupant : bien avant les violences de la semaine passée, on comptabilisait déjà à travers le pays, 79 assassinats et 173 agressions d’hommes et femmes politiques, principalement concentrés dans 8 états mexicains (Guerrero, Puebla et Veracruz arrivant dans le trio de tête).

Journalistes, activistes, candidats politiques et... tous les autres. BFMTV (07/05/2018) raconte aussi l’opération punitive lancée dimanche par un groupe armé contre la petite ville d'Ignacio Zaragoza, toujours dans le Chihuahua : plusieurs maisons et magasins incendiés, et trois cadavres retrouvés dans les ruines. Le même jour, poursuit le média, dans le même état mais cette fois dans la municipalité de Gomez Farias, ce sont les cadavres de quatre personnes, dont une femme, qui ont été localisés dans un véhicule brulé. Deux jours plus tôt, 24 Heures et Europe 1 (05/05/2018) annonçaient déjà la découverte des corps de neuf hommes dans une camionnette abandonnée le long d'une route du Guerrero. Mi-avril, rappelle Europe 1, dans ce même Etat, six policiers avaient été victimes d'une embuscade et assassinés sur une route proche de la station balnéaire de Zihuatanejo.

Pour conclure cette interminable litanie de disparitions violentes, Europe 1 (05/05/2018) revient également sur celle des deux cyclistes, Krzysztof Chmielewski et Holger Hagenbusch, portés disparus fin avril et finalement retrouvés sans vie au fond d’un ravin au Chiapas. Ici aucune présomption de meurtre pour le moment, juste un troublant double accident.

Que faire face à une telle situation ?

Restaurer un État de droit nous dit Jean Rivelois, chercheur de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), Interrogé par Vatican News (03/05/2018), ce spécialiste de la violence et de la corruption au Mexique, propose plusieurs pistes de réflexion. Tout d’abord, la situation que traverse aujourd’hui le pays n’est pas un problème de violence, mais de corruption; ou plus précisément le résultat de 30 ans de corruption « extra-systémique » qui ont abouti à délégitimer complètement les pouvoirs politiques, soupconnés de connivences avec les groupes délinquants et désormais incapables d’assurer l’état de droit. L’actuel « dilemne mexicain », nous explique aussi Jean Rivelois, se résume à deux alternatives insatisfaisantes : soit la négociation avec les groupes en place pour faire baisser le niveau de violence et rétablir l’ordre public ; soit la répression et la poursuite de la guerre, avec tout ce que cela implique en matière de violations des droits de l’homme. Mais ce qu’il faut absolument faire, insiste-t-il, c’est lutter contre la corruption, contre les connivences aux plus hauts niveaux et sanctionner les responsables politiques impliqués. Eventuellement, il faudrait également s’attaquer aux paradis fiscaux et donc au nerf de cette guerre, l’argent de la drogue. Car, plus que la légalisation du cannabis et autres drogues, souligne le chercheur, le court-circuitage des réseaux de blanchiment d'argent représente une des grandes clefs de ce problème. A réécoutez.

Lutter contre la corruption donc. La Libre (03/05/2018) annonce, fort à propos, que 185 policiers de San Martín Texmelucan, dans l’état de Puebla, viennent justement d’être relevés de leurs fonctions et désarmés, car soupçonnés de collusion avec divers groupes criminels spécialisés dans le vol de combustibles (la fameuse pratique du “huachicoleo”, qui coûterait à PEMEX plus d’un milliard de dollars par an en perte). Le gouvernement de l’état de Puebla, nous apprend le média belge, a également annoncé que sa police prendrait le contrôle de la sécurité de cette ville « aussi longtemps que nécessaire » afin de rétablir l’ordre après une série d'assassinats particulièrement violents.

Mais aussi exercer ses droits de citoyens et voter... mais pour qui ? TV5 Monde (04/05/2018) nous explique que Mario Vargas Llosa semble, pour sa part, avoir les idées très claires à ce sujet (même s’il n’est pas citoyen mexicain) et qu’il appelle en conséquence à ne pas voter pour le "démagogue" Lopez Obrador, tout en accusant Donald Trump d'"avoir énormément travaillé pour Lopez Obrador", en lui permettant de devenir "le porte-étendard du patriotisme, du nationalisme et de ce type de démagogie". Toutefois, et à cette hauteur, on peut légitimement se demander que vient faire Vargas Llosa dans ce débat... De son côté, RFI (04/05/2018) se pose des questions au sujet des récents remaniements à la tête du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) et, faute d’avoir les clefs pour expliquer la situation, propose une mini revue de presse des réactions suscitées par le départ d’Enrique Ochoa. Bref, ce n’est apparemment pas en lisant la presse francophone qu’on avancera en compréhension sur ce chapitre!

Le pouvoir des mots et des images

Enfin, écrire est, et reste, une forme de lutte et de résistance par la dénonciation et l’explicitation. Courrier international (01/05/2018) choisit ainsi de donner un coup de projecteur sur le dernier livre de Jorge Volpi, Una Novela criminal (México, Alfaguara, mars 2018) à mi-chemin entre l’enquête journalistique et le roman. Une relecture de l’affaire Florence Cassez et un tableau peu flatteur du système judiciaire de son pays, précise l’hebdomadaire. Un sombre épisode qu’avait également reconstitué la correspondante de presse Emmanuelle Steels dans son ouvrage El teatro del engaño. Buscando a los Zodiaco, la banda de secuestradores que nunca existió (México, Penguin Random House, 2015). La journaliste qui revient d’ailleurs à l’affiche cette semaine, dans les colonnes de La Libre (01/05/2018) et à l’occasion de la publication de son dernier ouvrage, Mexique, la révolution sans fin (Bruxelles, éditions Nevicata, 2018). Cet opus de la collection "L'âme des peuples", qui se propose de décoder le Mexique, est particulièrement réussi nous dit le quotidien belge : un grand récit, suivi d’entretiens avec Soledad Loaeza, Ricardo Raphael et Jorge Volpi... Bref, à vos librairies !

Pour conclure cette revue de presse, un hommage au pouvoir des images dans cette lutte pour un monde plus juste. Et ce plus encore car, cette semaine, les photographes de l’AFP sont doublement à l'honneur : dans les colonnes de Le Monde (05/05/2018) avec un émouvant photo-reportage sur le via crucis des migrants centraméricains à travers le Mexique, et avec une exposition de 44 photographies grand format racontant la vie à la frontière; une exposition précisément installée à Ciudad Juarez le long de la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. Le Point, TV5 Monde (04/05/2018) et Boursorama (06/05/2018) reviennent sur ce projet réalisé en 2017 par trois photojournalistes de l'AFP, l'Américain Jim Watson, le Mexicain Guillermo Arias, et le Salvadorien Yuri Cortez, et dont nous vous avions parlé dans une précédente revue de presse. Si vous ne pouvez pas vous rendre à Ciudad Juarez pour voir de vos yeux ce témoignage / engagement photographique, la video diffusée sur le site Boursorama vous permettra de vous en faire une idée...

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