top of page
Espace entreprises
Rechercher
  • Masiosarey

Les tomates de la discorde. Semaine du 1er au 7 avril 2019


La semaine dernière, Donald Trump a une fois encore réussi à occuper beaucoup de « temps de cerveau humain disponible » en soufflant le chaud, le froid et son contraire au sujet de la frontière avec le Mexique. En showman patenté, il a ainsi habilement maximisé l’impact de son déplacement à Calexico, ville miroir de Mexicali, du côté californien, jeudi 4 avril. Résultat des courses : pendant cette seule semaine, pas moins de 20 journaux* et magazines francophones ont tenté de faire le point sur l’évolution de la position « trumpienne » vis-à-vis du Mexique. Une tâche ardue, nous en conviendrons (même si ces évolutions suivent un mode opératoire relativement classique... celui du bullying).

Petit récapitulatif. Acte 1, la semaine s’ouvre sur la menace d’une fermeture totale de la frontière entre les deux pays. Acte 2, cette même idée –économiquement problématique pour tout le monde– est (temporairement ?) abandonnée. Acte 3, Donald Trump change de fusil d’épaule et menace le Mexique (qu’il accuse d’inaction, voire de complicité face au phénomène migratoire) de sanctions économiques, d’abord dans le secteur automobile, puis globales (sous forme d’une exubérante amende censée compenser les entrées de drogue aux Etats-Unis). Acte 4, Le président étasunien annonce à Calexico que le pays est « complet » (entendez, qu’il n’y a plus de place pour les migrants hispaniques), et opère une nouvelle volte-face en reconnaissant finalement les efforts réalisés par le gouvernement mexicain pour freiner l’entrée de migrants illégaux. Effectivement, en début de semaine, BFMTV (02/04/2019) et le quotidien francophone libanais L’Orient-Le Jour (01/04/2019) relataient l’arrestation par les autorités mexicaines de 500 migrants illégaux, lors de deux opérations menées dans l'État du Chiapas, à la frontière avec le Guatemala ; alors que RFI (03/04/2019) rapportait, pour sa part, la manifestation spontanée de migrants originaires d'Haïti et de pays africains, également bloqués à la frontière chiapanèque. Conclusion, et face à de telles « manifestations de bonnes intentions », Donald Trump, a donc décidé, informe-t-il depuis Calexico, de donner une année d’essai (« d’avertissement », sic) au Mexique.

L’actu bullying est donc chargée. Toutefois, et paradoxalement, les médias français, belges, canadiens, algériens ou suisses ont TOUS repris deux notes de l’AFP. Ces médias n'auraient-ils plus de correspondants sur place?

Une mention spéciale néanmoins pour L’Usine Nouvelle et Les Échos (04/04/2019) qui tentent d’appréhender cette actualité via un angle un peu plus complexe, en analysant les répercussions de cette stratégie d’annonces spectaculaires sur les cours de l’avocat et de la tomate. Pour rappel, les Etats-Unis dépendent du Mexique pour de nombreux produits agricoles, et ce particulièrement en cette période de l'année. Suite aux déclarations de Donald Trump, les prix de vente aux Etats-Unis de l’avocat Hass, la principale variété mexicaine, produite dans l’Etat du Michoacán, ont ainsi bondi de 44% en une semaine ; ceux des tomates de 30 %. Où s'arrêtera cette flambée des prix ? se demandent Les Échos (et sans doute aussi pas mal d’étasuniens) …

Les Affaires (03/04/2019) relaient, pour leur part, les dernières projections du FMI, qui notent que le conflit commercial sino-américain (l’autre idée fixe de Donald Trump) pourrait bien profiter au Canada et… au Mexique. En effet et sans trop de surprise, nous explique le bi-mensuel économique québécois, les deux grands perdants de ce bras de fer seront précisément les deux adversaires. Ainsi, poursuit Les Affaires citant le FMI, à long terme, la Chine « pourrait finalement céder sa place d’exportateur numéro 1 en matière d’électronique et de machinerie au profit d’autres pays d’Asie ou encore, du Mexique et du Canada ». Comme quoi, la réalité n’entre définitivement pas dans les simplifications de Donald Trump.

AMLO, objet de fascination...

Le président mexicain, Andrés Manuel López Obrador, a lui aussi fait parlé de lui en français cette semaine, tout particulièrement sur Radio Canada et dans les colonnes du magazine Causeur.

Radio Canada poursuit en effet sa série de reportages et d’entretiens consacrée au Mexique, joliment intitulée « Le Mexique entre l’ombre et la lumière ». Après Jean Meyer, c’est au tour de l'ethnologue et sociologue Catherine Héau-Lambert et de la politologue mexicaine Soledad Loeza de raconter le Mexique contemporain sur les ondes canadiennes, avec deux longs entretiens sur la problématique indienne et sur la situation politique actuelle. Dans cette même série spéciale, le site de Radio Canada publie également un reportage réalisé auprès d’un groupe de jeunes professionnels et engagés de Guadalajara (le jeune candidat indépendant Pedro Kumamoto est dans le lot), qui tente de cerner les attentes, les espoirs et les craintes de cette tranche de la population vis-à-vis du nouveau gouvernement.

De son côté, le magazine français Causeur semble fasciné par la question de la demande de pardon envoyée par le Président mexicain au Roi d’Espagne, avec deux articles publiés en l’espace d’une semaine : "Hernán Cortés m'a tuer" (01/04/2019), depuis une perspective française, et "La gauche mexicaine à la conquête de l'Occident diabolique" (03/04/2019), cette fois depuis une perspective canadienne. A lire pour les passionnés de la polémique. Mais au-delà de ces lectures croisées d’un même sujet (qui reste somme toute « exotique » pour les deux chroniqueurs) et de quelques arguments fort justes (même si d'autres sont hors-sujet), on regrette que ces textes laissent un petit goût rance.

Tourisme au féminin

Pour conclure, un peu de tourisme culturel… et féminin. Vogue France (04/04/2019) consacre un article au musée Frida Kahlo de la Ville de México. Le texte est on ne peut plus succinct, mais les photos sont de belle qualité (sans être non plus très originales… on attendait un peu mieux, on avoue).

Du côté des québécoises, c’est le magazine Châtelaine (04/2019), « le magazine féminin de référence depuis 1960 », qui nous propose une visite plus consistante de Puebla. Un article qui passe de l'anglais au français de façon tout à fait décomplexée. Vive le Québec !


@Masiosarey2019

 

Recherche

masiosarey_marron_edited.jpg
bottom of page