Semaine du 27 février au 5 mars 2017

Pour commencer notre revue de presse hebdomadaire, point de mur, mais de la culture…
Contemporaine, tout d’abord, avec le coup de projecteur que le Magazine OpnMind (28/02/2017) porte sur le travail de Neuzz, "le street-art mexicain inspiré des Aztèques". Migues Mejia, titulaire d’un diplôme en design graphique à l’Universidad Del Valle de Mexico, combine les couleurs de la pop culture aux symboles traditionnels de la culture préhispanique. Et le résultat est très réussi. Neuzz sévit principalement sur les murs de la Ville de México. Ne ratez pas ses œuvres…
Et un peu de culture traditionnelle également, avec le carnaval des masques de San Martin Tilcajete, Oaxaca, qui permet à 24Heures (28/02/2017), Le Point et Le Parisien (1/02/2017) de publier de magnifiques photographies de quelques-uns des diables, sorcières, personnages mythologiques et animaux merveilleux qui ont pris possession, mardi dernier, des rues de ce village du sud-est du Mexique, juste avant l'entrée en Carême. Comme le note Le Point, Rio peut se rhabiller !
RELATIONS MEXIQUE - ETATS-UNIS
Malheureusement, l’actualité de la semaine dernière nous ramène, une fois encore à la question du mur et des dissensions entre le Mexique et les Etats-Unis
S’il ne fallait lire qu’un seul article la semaine dernière, ce serait celui de Nancy Caouette, pour le quotidien La Croix (1/03/2017), qui contextualise les expulsions régulières d’illégaux vers le Mexique, en hausse depuis le gouvernement d’Obama, et les difficultés que ceux-ci rencontrent (et rencontreront de plus en plus) à leur retour, dans un pays dont ils ne connaissent plus les codes.
L’autre incontournable de la semaine est le reportage de 2 (puis 3) photographes de l’AFP qui ont longé, chacun de leur côté, la frontière séparant le Mexique des Etats-Unis, de l'océan Pacifique au Golfe du Mexique. En dix jours. Jim Watson, américain, basé à Washington, et son collègue mexicain, Guillermo Arias, basé à Tijuana, rejoint en chemin par Yuri Cortez, salvadorien, basé à Mexico ont réalisé un incroyable périple-témoignage, dont des extraits ont été repris par L’Expansion, Le Point, La Dépêche et Challenges (04/03/2017).
Mais nous ne conseillerons que trop d’aller également sur la page de l’AFP, consacrée à ce reportage et intitulée Face au mur (01/03/2017), pour admirer les magnifiques (et terribles) photos de ces trois photographes.
Dans un autre genre, La Dépêche (04/03/2017) relaie les prouesses d’un député du PRI de l’Etat du Querétaro, Braulio Guerra, qui pour sa part a mis à profit son week-end pour escalader le mur et démontrer qu’une telle construction ne serait qu’un gaspillage d’argent sans réel effet sur l'immigration illégale...
Quoiqu’il en soit et pour le moment, comme le rappelle Challenges (02/03/2017) le Département de la Sécurité intérieure des Etats-Unis n'a identifié que 20 millions de dollars susceptibles d'être redirigés vers le projet de mur. Selon ce document, la somme suffirait à payer des contrats d'étude de prototypes, mais ne permettrait pas d'entamer la construction du mur. Pour lancer le chantier, conclut Challenges, la Maison blanche devra donc convaincre le Congrès de libérer quelques 21,6 milliards de dollars (20,3 milliards d'euros) sur trois ans. Ce projet --à l'état embryonnaire-- nous occupera donc encore un peu…
Du "terrorisme migratoire"
En termes diplomatiques, comme le note La Croix (28/02/2017) la semaine dernière, c’est l’Eglise Catholique mexicaine qui a ouvert le feu. Un éditorial vigoureux publié le 26 février dans l’hebdomadaire du diocèse de Mexico Desde la Fe (Depuis la foi), accuse Donald Trump de promouvoir un “terrorisme migratoire”, tout en reprochant également au gouvernement du président Enrique Peña Nieto de faire preuve de « soumission ».
Et de fait, comme en écho, ce sont les déclarations de fermeté du ministre de l'Economie mexicain qui auront fait la semaine dernière l’objet du plus grand nombre de reprises dans les médias francophones. Le Matin, 24Heures, La Tribune de Genève, L’Echo, Le Figaro, BFMBusiness, CCFA, Radio Canada, MetroTime (27 et 28/02/2017) ont relayé l'annonce d'un retrait du Mexique des négociations sur l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna) si le président américain Donald Trump veut imposer des taxes aux produits mexicains.
Le magazine canadien Canoe.ca (27/02/2017) reprend pour sa part la même note avec un ton encore plus dramatique : "ALÉNA: le Mexique menace Washington". Allons bon.
Quelques jours après, comme le rapporte Challenges (01/03/2017), ce sera au tour du ministre mexicain des Affaires étrangères, Luis Videgaray, de rappeler lors d'une intervention au Sénat mexicain que "L'accord de libre-échange doit être un accord de libre-échange", que le Mexique "ne gardera l'Aléna" que s'il lui convient et, qu’en attendant, le pays ne doit surtout pas tourner le dos à la Chine.
En passant, nous apprenons que les négociations –"qui ne seront pas rapides"– commenceront au plus tôt au mois de juin (et non pas en mai comme annoncé il y a quelques semaines). Comme le projet de mur, la renégociation de l’ALENA s’annonce laborieuse.
Des répercussions économiques contrastées
Pour sa part, la presse spécialisée (sur abonnements) nous apprend que le « frein aux délocalisations ferait patiner les investissements automobiles à court terme ». Le Moniteur du Commerce international (02/03/2017) rapporte en effet une des conclusions de la réunion du Club du Cepii (Centre d'études prospectives et d'informations internationales), consacrée, le 23 février au Mexique.
Mais que le secteur bancaire, lui, semble se porter bien. BBVA, la deuxième banque d'Espagne investira en effet 1,5 milliard de dollars au Mexique dans les quatre ou cinq prochaines années ; L’AGEFI (04/03/2017) rappelle que BBVA a déjà investi 3,5 milliards de dollars ces dernières années
En pendant ce temps-là, nous dit BFMBusiness (01/04/2017), les Mexicains qui vivent aux États-Unis rapatrient en masse leur argent. En janvier, ces flux monétaires ont en effet progressé de 6,3%, d’après la Banque centrale du Mexique. Plus de 2 milliards de dollars ont ainsi transité du nord vers le sud.
SOCIÉTÉ
Sur le front intérieur, Le Parisien et SudInfo.be (01/03/2017) relaient la découverte des corps de 9 hommes et deux femmes, retrouvés à Boca del Rio, mardi soir alors que plus de 10.000 personnes célébraient le carnaval dans les rues de Veracruz, une ville portuaire située le long du Golfe du Mexique. Ce même soir, rapportent les 2 médias, un affrontement entre les autorités et des narcotrafiquants a également eu lieu à Verarcuz, faisant trois morts.
Jeudi, comme le rapporte Le Soir (04/03/2017), c’est un journaliste qui a été abattu par un commando dans l’Etat de Guerrero. Cecilio Pineda Brito était le directeur du journal local La Voz de la Tierra Caliente et ancien correspondant du quotidien national La Jornada.
Jeudi toujours, la toute récente chaine TV Imagen Televisión a présenté dans son journal télévisé du soir, présenté par le journaliste Ciro Gómez Leyva, un travail d'investigation sur la corruption dans les centres de détention de la capitale mexicaine. GlobalVoice (02/03/2017) relaie ce travail, sans peut être le contextualiser suffisamment.
Et jeudi enfin, le magazine Mémoire des luttes (02/03/2017) publie un reportage réalisé par Cédric Reichenbach pour la revue suisse Echo Magazine : "Mexique : les villages s’arment pour survivre", consacré aux milices communautaires des Etats du Guerrero et d’Oaxaca.
Pour conclure, deux informations concernant la Ville de México.
Comme le rapporte Le Grand Journal (28/02/2017), qui le reprend de Konbini (27/02/2017), qui lui mème le reprend du site Tomtom, Mexico est officiellement la ville la plus embouteillée du monde. D'après le constructeur de GPS TomTom, qui tient un index annuel des villes embouteillées, México est la première des 189 grandes villes considérées dans ce ranking un peu spécial. Les capitalinos passeraient en moyenne 227 heures par an coincés dans leurs voitures. Et, pire encore, les tendances sont à la hausse depuis 2015.
Et puis, figurez-vous que, dimanche 26 février, l’association Bulldog Ingles Guadalajara a réussi à mobiliser quelques 950 bulldogs anglais justement (ainsi que leurs maitres), dans le centre de la capitale. Mieux encore L’Express et Ouest-france (27/02/2017) nous précisent que ce rassemblement bat le record du monde en date (800 bulldogs anglais) et s’ouvre ainsi une place dans le Guinness des records.
Y aurait-il un lien ?