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  • Masiosarey

Un coiffeur hippster de la Colonia Nápoles


Je ne suis pas fidèle.

En matière de coiffeur, uniquement.

J’ai même quelques difficultés, depuis mon installation au Mexique, à trouver le coiffeur idéal.

Il faut dire que j’ai des exigences : géographiques –accessible à pied–, temporelles –sans obligatoirement prendre rendez-vous–, économiques –pas plus de 250 pesos pour une coupe–. Et des expériences, comment dire, mitigées. J’ai donc écumé tous les coiffeurs de mon quartier. Quand je dis tous, ce n’est pas une exagération. Du coiffeur installé dans le marché, à celui de ma rue qui frôle légèrement la limite budgétaire allouée au coiffeur, en passant par celui qui est le moins cher mais dont le « turn over » des employés atteste de la qualité du résultat.

Dernièrement, le nombre de salons de coiffure a explosé, ce qui de nouveau m’a poussé à reprendre mes pérégrinations. Mais, cette fois, c’est un renouvellement. Nouveau design : tous les nouveaux salons adoptent un design de type industriel, mélangeant briques apparentes et mobilier du noir caractéristique de tous les locaux « hippster ». Nouveau personnel : une prédominance masculine pour les coiffeurs, les femmes restant cantonnées à la manucure ou à l’accueil. Et nouvelles méthodes de coiffage.

Finalement, après une petite traversée du désert liée à une légère erreur de casting (quelques mois où je ressemblais plus à Du Guesclin qu’à Sharon Stone), j’ai finalement tenté l’expérience du salon Hippster de la Colonia Nápoles. Si la devanture du salon B… ne prêtait pas de prime abord à la modernité, la porte passée, l’expérience fut décapante.

Un tout jeune coiffeur (je précise pour les hippsters puristes, sans barbe !) me pris tout de suite en otage, sans me laisser d’autre choix que de me vouer aux saints médiévaux pour ne pas leur ressembler à la sortie. Puis, sans même mouiller mes cheveux avec l’horrible vaporisateur qui est le cauchemar de toutes étrangères arrivant pour la première fois dans un salon mexicain, les ciseaux ont commencé à s’agiter au rythme de la musique techno. A sec ! Prenant mon courage à deux mains, je risquai la question à 250 pesos (prix de la coupe) : pourquoi ne pas d’abord laver les cheveux ? Mais enfin, c’est pour que les cheveux se placent naturellement !

Après un shampoing recommandable pour mes cheveux (le coiffeur est surtout un très bon commercial), les sacro-saintes pinces chauffantes ont fini par me faire ressembler aux actrices à la mode de ces dernières années. Malheureusement, l’expérience confirme de manière scientifique (expérimentation, contre-expérimentation, vérification) l’hypothèse que je tente de développer depuis quelques années : les coiffeurs mexicains n’ont pas l’habitude de coiffer les cheveux filasses et sans volume des françaises. Ce qui fait qu’une heure plus tard, mes belles boucles se sont transformées en mèches désordonnées, plaquées sur mes joues.

Comme je ne m’avoue pas vaincue facilement, j’ai réitérée l’expérience, cette fois avec un niveau de difficulté supplémentaire : faire des reflets dans mes cheveux ternes. Mon petit coiffeur enchanté (il avait suggéré l’idée), me place derechef sur le même fauteuil et commence (mama mia !) à me crêper les cheveux, à la manière de Toffsy (les plus de trente ans comprendront), appliquant la couleur, au hasard. Un peu inquiète par cette technique inusuelle (et surtout en espérant que personne de ma connaissance ne passe par cette rue), j’engageai la conversation sur la formation des coiffeurs au Mexique. Avec soulagement, j’apprenais que mon nouveau coiffeur était complètement autodidacte mais que son rêve professionnel était qu’un jour, un producteur de télévision tomberait sur les photos qu’il montait religieusement sur son site Instagram.

Résultat ? Et bien, la modernité a parfois du bon. Passé le petit moment d’adrénaline que provoque la peur de l’inconnu, je saute à pieds joins pour féliciter, mon cher G…. Couleur impeccable, reflets parfaits et naturels. A la bio, a la bao, a la bim bom ba, j’ai enfin trouvé mon bonheur, Ra ra ra !

©Masiosarey, 2017

 

Pour les non initiés ou encore les plus de quarante ans : hippster, terme employé pour désigner une nouvelle génération de jeunes trentenaires adoptant pratiques et cultures urbaines identifiables facilement (barbes touffues et taillées, chemises à carreaux, montres Casio des années quatre-vingt, lunettes à montures épaisses de préférence noires...).

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