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Les crieurs de rue: une méthode de vente toujours efficace!
La crise des médias touche-t-elle aussi les journaux les plus petits ? La question peut légitimement se poser quand on connaît la santé du secteur. Dans la Ville de Mexico, elle a en partie été résolue par une technique de vente employée avec succès dans les quartiers : le crieur de rue, qui est en effet le vendeur le plus efficace. Finis les problèmes de distribution ! Fini la presse otage des syndicats d’imprimeurs ! L’entreprise de presse arrive directement au consommateur.
La technique est rodée : un vendeur équipé d’un haut-parleur sillonne les rues d’un quartier, mais pas n’importe quel quartier. Comme le répète avec insistance ce « crieur », son journal rapporte un événement --le plus souvent un acte de délinquance-- qui a précisément eu lieu dans ledit quartier. Ainsi, mercredi 24 août, la police a arrêté une bande de délinquants qui se dédiait au vol de voitures à main armée: un crime qualifié de « haut impact », pour lequel la police se mobilise rapidement.
Bref, le marketing fonctionne parfaitement car l’habitant du quartier, alarmé par la nouvelle, sort de chez lui et achète le journal qui lui décrira en détail les faits. Pour 15 pesos (alors qu’en kiosque, la même édition ne coûte pas plus de 4 pesos), il aura en direct l’article tant convoité. Belle déception ! Il est bien question du quartier, mais l’arrestation des délinquants a eu lieu dans un tout autre quartier, cette fois-ci dans l’Etat de Mexico (état où est d’ailleurs publié le journal en question). Quel est le lien entre les actes commis et le quartier où le journal est finalement vendu, vous demanderez-vous ? Les voleurs de voitures opéraient dans plusieurs quartiers centraux de la ville de Mexico, dont ledit quartier.
La technique est efficace : elle parie sur la peur et la curiosité malsaine des habitants qui raffolent des faits divers et adorent se raconter en boucle les actes de violence du voisinage ; elle ajuste parfaitement le contenu de son édition au public qu’elle cible ; la publicité et la distribution sont directes. En somme, cette presse reprend ce qui fait la force du commerce ambulant au Mexique : la flexibilité et l’adaptabilité au marché en fournissant le produit adéquat au bon moment et en allant au-devant de sa clientèle.
Par contre, n’attendez pas le scoop de l’année, la déception est souvent à la hauteur de l’expectative créée : frustration relative, quand tu nous tiens!
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